jeudi 26 octobre 2006

Fondue

La voiture roulait vite mais quand même avec une certaine indécision dans les rues quasi vides de Paris. Nous quittions le boulevard de la Villette à l'arrière de la 4x4 des Leroyer et traversions le bas Belleville pour rentrer rive gauche. Le sac à côté de moi contenait deux cahiers avec des fiches de dégustation et des notes sur l'arrufiat et le len de l'ehl et puis quelques miettes de pain.

Dans l'espace vaste et ouvert de notre atelier de dégustation, nous avions continué notre causerie sur les cépages oubliés et avions goûté un vin du Béarn, un Gaillac doux (cuvée Renaissance 2002 du Domaine Rotier) et, entre les deux, une expression inédite du pinot noir : un vin de Moselle, 2005, du Château de Vaux.

Parmi les trois, le vin de Moselle était le préféré général. Ce pinot noir jeune et encore un peu carbonique sur les bords était prometteur. Bien que ses divers éléments ne soient pas tout à fait fondus dans une harmonie mûre, les étapes successives de son goût et de son corps plaisaient et laissaient voir un avenir lisse et rond de bon augure.

Je me suis dit que j'avais franchi une étape importante - que j'apprenais quelque chose, que moi aussi je commençais à me rassembler dans un savoir à la fois de mémoire et de pratique. J'étais clairvoyante avec ce vin ; je voyais son avenir et pouvais l'apprécier dans l'œuf.

Puis nous sommes rentrés à la maison, déposés au coin de la rue près de chez nous, et j'ai allumé mon ordinateur. J'avais posté dans la journée sur un forum œnophile américain : Ah ! qu'est-ce que c'est que cela ?

Une réponse qui m'était directement adressée de la part du grand critique du vin, Michel Bettane. Qui disait en gros que mon palais était trop jeune.

Je suis, hélas, peut-être encore sur ma réserve...

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