dimanche 18 janvier 2009

Bulles de départ


C'est au bout de plus de deux ans que je termine ce blog vineux de langue française.

Merci d'avoir suivi mes dégustations et mes ruminations !

N'hésitez pas à me retrouver sur mon blog anglophone : sharonwine.blogspot.com.

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mardi 23 décembre 2008

Pré-fêtes


C'est en pleine période de fêtes que j'ai décidé, hier soir, de réviser mes classiques. Un confit de canard et une bouteille de chinon 2006 du domaine d'Etilly. Simple, goûteux et nourissant, comme mariage. Parfait pour préparer les excès à venir !

mardi 25 novembre 2008

Balade express en Champagne


Hier, j'ai pu faire la visite de deux vignobles et parler avec deux vignerons pasionnants.

Nous avons commencé la journée dans un village qui s'appelle Congy, situé quelque part entre la côte des Blancs et le Sézannais, chez Olivier Collin, qui depuis 2004 fait le champagne Ulysse Collin : chose si belle et si « personnelle », si j'ose dire.

Ayant bu une bouteille de son 2004 (les millésimes sont indiqués par un code sur la bouteille et non revendiqués comme « millésimés »), l'expérience des 2005 et 2006 était fort intéressante. Le vin - et même le champagne - est une chose vivante et chaque bouteille offrait une vision complètement différente de la parcelle où se trouvent ses vignes (jolie parcelle, d'ailleurs, que nous avons visitée).

Après la visite un peu boueuse des Perrières, on a pris la route pour Avize, où Anselme Selosse nous a accueilli chaleureusement... dans un froid glacial, dans son chai. Je grelottais jusqu'à ce qu'on descende voir les caves. Ah ! Onze degrés, ça semblait si chaud !

Nous sommes remontés après, dans une salle de dégustation tout en haut qu'il avait fait chauffer entre-temps pour les frileux. Et là, avec le discours toujours captivant de ce grand vigneron, nous avons goûté quelques vins.

Cela n'arrive pas à tous les coups, avec les aléas des vins vrais, mais tous se montraient sous un jour favorable, dans une perfection et un équilibre fous.

V.O., tout de verticalité, sapide, sans faille : j'adore ce vin.

Le 1999, qu'il a dégorgé sur place et qui n'avait pas de dosage, titre à 14,2 % et est complètement différent mais si intéressant à boire ; robuste, franc.

Le Rosé avait était dégorgé il y a un mois, mais déjà il était harmonieux. Dosé moins que par le passé, Selosse lui trouvait un côté « austère », mais sa grande minéralité lui donnait une vraie élégance. Très beau vin.

Substance. Ah. Ce vin « baroque » et opulent s'imposait par sa longueur et sa complexité en bouche. Vin séduisant, atypique, inoubliable.

Nous avons fini par deux vins plus doux : Exquise, dosé à 52 g/l (mais on ne l'aurait pas dit) et une mistelle qui sortira, je pense, bientôt, qui était tout de noix et de fruits secs.

On regrette toujours le moment où il faut quitter Avize ; les vins sont si bons et leur « chef d'orchestre » si fascinant.

mercredi 5 novembre 2008

Délicieuses bulles


Il y a une semaine, j'ai eu l'occasion de goûter le champagne Tarlant brut sans année, ainsi que le brut rosé. Nous étions trois au bar à vins chez Legrand Filles & Fils. Plaisantes bulles, mais sans plus (et avec un peu trop de dosage pour moi).

Les temps sont révolus, pourtant, et avant-hier, j'ai eu l'exquise plaisir de déguster cette cuvée : Tarlant "Cuvée Louis". Eh bien, en voilà une autre paire de manches. Quelle profondeur, alliée à une précision toute minérale ; sapide et vineux, le corps du vin était d'une complexité très marquée.

Il se fait que cette bouteille est fait à partir des millésimes 1996 et 1997, d'où un peu de maturité qui ajoute des notes noisetées.

Réussite totale ! Si seulement on avait été deux à le boire, au lieu de quatre !

mardi 7 octobre 2008

Ciel !


Cela fait du bien de se ressourcer en Bourgogne. Nous avons passé ce week-end entre Beaune, Santenay et Savigny-lès-Beaune pour le mariage d'un couple d'amis. Pour aller du lieu du mariage (Beaune) à l'hôtel et la réception (Santenay), nous prenions la route des grands crus. Comme ça laisse ému... De voir des grappes de volnay, de puligny, et puis des clos légendaires.

A la réception nous avons bu un excellent nuits-saint-georges 2001 du domaine Denis Thomas ; vraiment à point, ce vin exprimait parfaitement sa pinosité, avec un bon fruit et un tanin qui commençait à s'assouplir. A côté du nuits-saint-georges, un vosne-romanée 2001 du même producteur se révélait assez austère ; très intéressant d'en faire la comparaison.

Et puis il y eut de joyeuses bulles et de la joyeuseté, comme il se doit. Je pense même que quelques refrains vineux furent chantés. Comme il se doit.

jeudi 25 septembre 2008

Le coût du vin


À voir tout ce qui se passe dans le monde financier en ce moment, je me demande quel avenir il y aura pour le marché du vin. Or, il est désormais incontestable que le coût du vin a augmenté un peu partout : les petits crus ont fait un bond, et les grands, n'en parlons pas... (OK, mentionnons qu'en regardant les publicités pour les foires aux vins, j'ai vu qu'une bouteille de Château Lafite Rothschild 2005 se vend à plus de 700 €, alors que j'ai le souvenir que ce vin dans des millésimes récents se vendait à moins de 150 € il y a deux ans.)

Mais avec l'ébranlement de l'économie mondiale, la chute des valeurs immobilières, etc., on verra peut-être un effet mitigeant sur la hausse spectaculaire du prix du vin. Peut-être que nous ne verrons plus des choses exorbitantes, voire aberrantes (comme cette bouteille de Krug Clos d'Ambonnay chez Lavinia à 3 000 €).

Car finalement, rendre le vin inaccessible est une catastrophe pour les amateurs. La réussite de la bouteille, la nécessité absolue de la boire au bon moment : tout devient infiniment plus important quand on a fait un investissement démesuré. Ou bien, la simple possibilité de pouvoir goûter un musigny, par exemple (sans parler de La Tâche...). Ce sont des expériences qui doivent être - rester - possible pour les vrais amateurs, sinon nous perdons une partie de notre culture du vin.

Donc, vivement que le marché du vin se calme et que nous revoyions des prix un peu plus amènes !

Au moins, on peut toujours espérer.

jeudi 18 septembre 2008

Disparition de Didier Dagueneau


Le monde du vin aurait perdu, hier, un personnage tout particulier et particulièrement marquant : Didier Dagueneau, célèbre producteur rebelle de pouilly-fumé, est mort dans un accident d'avion privé dans la région de Cognac.

Son importateur américain lui fait un discours d'adieu sobre et émouvant sur son site.

jeudi 11 septembre 2008

Je remporte un prix ! (Pour quelqu'un d'autre...)


Ah, le monde du vin crée bien des liens...

La semaine dernière, un lecteur de ce blog et de sa version anglophone Sharon's Wine Blog m'a contactée. Il se fait qu'un court métrage qu'il avait tourné, « Crush » a remporté le prix du Jury au festival Oenovideo. Or, comme il était actuellement en tournage, il lui était impossible de se rendre en France pour la cérémonie de remise des prix.

Celle-ci avait lieu le 10 septembre au Sénat. Nous discutions et il m'a demandé si cela me dirait d'aller recevoir le prix de sa part ?

Donc, le jour venu, je me suis executée, interlope.

Voici son discours, que j'ai traduit en français et prononcé pour l'occasion :

Je dois avouer qu’en tant que cinéaste, je maîtrise mieux les images que les paroles ; mais en conséquence, ma parole sera d’autant plus brute et peut-être, plus honnête.

Je regrette de ne pas pouvoir être parmi vous pour recevoir ce prix. Je suis profondément honoré que vous considériez « CRUSH » comme un film digne d’autant de reconnaissance et je vous en remercie.

Je pense que le vin fait fondamentalement partie de notre humanité ; sa vraie nature dépasse toute commercialisation et tout marketing ; elle va au-delà des tendances et des modes de vie passagers. Le vin nous aide à renouer avec notre passé, avec notre humanité séculaire, et il ne cesse de nous donner de l’espoir pour l’avenir.

Ce que je voulais en fin de compte en tournant ce film, c’est que « CRUSH » soit comme une bouteille de vin. Tout commence dans l’effervescence de l’anticipation et tout se termine dans le confort tranquille. Je suis content de pouvoir le partager avec vous.

En ce moment, je travaille sur mon prochain film, « The Picking Crew » (L’équipe de vendangeurs) ; nous ouvrirons cette bouteille-là, ensemble, l’année prochaine.

Je vous remercie.

Bret Lyman

samedi 6 septembre 2008

Un vieux volnay


J'avais en ma possession une bouteille de Volnay 1er Cru "Cailleret" 1969 de Félix Clerget. Arnaud et moi allions la boire festivement, parce que c'est dans ce village-là, malgré ses taquineries (il m'a votée
« future institutrice de Volnay » qui chercherais à de jouir des pots-de-vin offerts par des parents supposément vignerons) que nous nous sommes liés d'abord d'amitié, avant tout ce qui suivrait.

J'adore le volnay. Sa suavité, toute en cailloux et en soie, son cœur rouge qui bat comme un fleuve...

Donc nous avions ce vieux flacon à tâter. Je l'ouvre : hou ! Joli nez ; des cerises un peu kirschées et des pétales de rose. Je l'ai versé dans un grand verre à bourgogne. Je l'ai apporté à Arnaud, qui était installé dans le fauteuil de la chambre, près de la fenêtre. Il l'a humé et son œil vif m'a montré que ça lui plaisait.

Bref, le vin était délicieux. ... Dans un premier temps. Malheureusement, en raison de son âge (et sûrement d'un millésime chaud), une heure plus tard, il avait pris des notes compotées, voire siropeuses, perdant son équilibre de départ.

Mais la petite fenêtre de possibilité avec les premières gorgées était à fendre le cœur...

dimanche 31 août 2008

Un petit vin qui plaît



Hier nous nous sommes trouvés place Sainte-Marthe pour boire un cocktail au Panier. Mais, malheur, la terrasse était bondée ; nulle place pour les pauvres Vélib'-istes venus de l'autre côté de la ville.

Quelle solution pouvait-il y avoir à cette situation funeste ?

Heureusement, la rue Sambre-et-Meuse en offrait une de pertinente : Le Coin de Verre. Nous nous sommes installés en terrasse à cette adresse, sur une rue calme au coin de la rue Sainte-Marthe. Nous avions plein de lecture et allions prendre notre temps avec quelques charcutailles et un vin « pas compliqué » par un temps de 28º (il faut noter que cet été aura été un des plus maussades ; d'où le peu de vin blanc consommé (sûrement à tort)).

Les ardoises étaient quelque peu cryptiques : Brouilly 2006 ; Bourgueil ; Valençay, etc. Nul producteur ; nous avons eu un moment de doute. Mais bon, fatigués de notre longue balade en Vélib', nous avons foncé : une bouteille de Valençay blanc.

Aha ! Le pot d'or au bout de l'arc-en-ciel. Le gentil patron (avec un chapeau façon Dean Martin ; quel cool) ressort avec un Valençay 2006 de Jacky Preys. À nos verres !

Une belle attaque, à la fois grasse et minérale ; en bouche, ce vin avait une certaine rondeur mais une bonne acidité en même temps. J'avais un peu peur du millésime 2006, trop souvent trop élevé en sucres résiduels ; ici, point d'affaire.

J'adore les petites surprises vineuses. Nous avons repris nos Vélib' après, pas mécontents pour un sou.

mercredi 20 août 2008

Le Wine Spectator démasqué !


Ceux qui s'intéressent au vin aux Etats-Unis ont souvent exprimé des opinions un peu mitigées (c'est le moins qu'on puisse dire) à l'égard du grand magazine grand public qu'est le Wine Spectator. Puissant comme un demi-Parker, ce magazine note les vins de partout dans le monde sur une échelle idoine : 100 points, et jouit d'une forte influence sur le prix et la disponibilité de ses vins chouchous – sans parler du style dans lequel de petits vins ou des vins ambitieux se vinifient de nos jours.

Mais leurs reportages, qui se trouvent par-ci, par-là au fil de pages couvertes de coûteuses publicités, manquent un chouïa de regard objectif, de sens critique... voire d'honnêteté.

Or, cette semaine, la rapacité et le manque d'honneur de cette publication lucrative ont été démasqués, grâce à un journaliste indépendant, Robin Goldstein. Comme il le raconte sur un site créé pour l'occasion, il a décidé de voir ce qu'il en était pour de vrai des fameux «prix Wine Spectator du restaurant à vins ». Honnête classement ? Ou pur coup de marketing ?

Pour ce faire, il a inventé un restaurant milanais, un certain Osteria l'Intrepido. Une carte des mets a été élaborée avec des plats un peu dans l'air du temps. Ensuite, le coup de grâce : une carte des vins banale, avec une liste séparée de « vins de réserve ».

Cette dernière, pour l'usage de son « opération secrète », était composée uniquement de vins italiens que le Wine Spectator avait détestés, avec des notes qui s'étalaient entre 60 et quelque 75 points (à savoir : mauvais à limite médiocre). Il a envoyé la candidature de son restaurant supposé au magazine, accompagné d'un chèque en règlement du tarif d'entrée au concours : $ 250.

Surprise ! L'Osteria l'Intrepido a été sélectionné comme un des nouveaux bons « restaurants à vins », prix Wine Spectator à l'appui. La version papier montre fièrement son nom et ses coordonnés pour les bons amateurs de vins qui se trouveront dans les parages, à Milan.

A ce moment, seulement, Robin Goldstein à révélé la vérité et sa supercherie.

Bien sûr, tout le monde savait que le Wine Spectator était à peu près aussi fiable que Christophe Rocancourt devant une héritière mal dégourdie, mais quand même, ça fait du bien que de voir cette publication fumeuse démasquée, vu le niveau de son influence dans le monde des vins, outre-Atlantique...

jeudi 7 août 2008

Buveurs de bulles


Joe a un appareil photo à la main au moment où nous entamons notre deuxième bouteille de champagne. Je lui dis : « Ne me prends pas dans une pose à la Degas, comme une buveuse d'absinthe ! » et là, je fais une grimace de pocharde maussade. Clic. Eh ben, tant pis pour moi...

Joe est de passage à Paris, donc nous avons planifié un dîner ; avec un ami spécialiste ès vins, David, nous nous retrouvons tous les trois par une soirée caniculaire au Verre Volé, ce bar à vins génial dont le seul défaut est de pointer le ventilateur dans la direction du barman.

David et moi élaborons des stratégies dans la boutique vide, scrutant les étagères et leurs bouteilles en attendant l’arrivée de Joe. Soudain, nous nous sentons tous deux attirés comme des papillons de nuit vers une flamme particulièrement pétillante : les champagnes. Effectivement, il y a de quoi se pourlécher les babines. Larmander-Bernier, Ulysse Colin, Vouette & Sorbée... et... et oui, Selosse V.O.

Pour ceux qui ont lu mon post précédent, je ne peux nier le fait d’avoir consommé une bouteille de Substance dans le jardin du Palais-Royal la semaine dernière. Donc c’était un geste assez hédoniste que de foncer sur le V.O. Mais bon, la vie est courte, et puis je ne l’ai fait que pour faire plaisir à David, bien sûr...

Le patron va dans la cave chercher une bouteille de V.O. et il revient la poser sur le bar quand Joe fait son entrée en scène. David et moi nous retournons comme des enfants qui auraient volé des bonbons.

Mais Joe, malgré une aversion inexplicable au chardonnay tranquille, aime bien le champagne, donc il approuve notre choix et nous nous installons à table.

La soirée se déroule dans la joyeuseté ; nous bavardons, sifflons nos verres de champagne, nous empiffrons de terrine, d’andouillette, de boudin noir en tranche comme un cake revenu à la poêle – charcuteries élaborées par la main de maître de Joël Meurdesoif, probablement buveur et d’un talent certain.

Et on me convainc même de tâter d’un vin que je pensais ne pas aimer : un surprenant Gevrey-Chambertin 2006 de Philippe Pacalet. Vin léger mais dense, avec des petits fruits rouges et des tannins amers – je l’adore.

La soirée se prolonge et nous finissons nos plats et le gevrey ; il ne nous reste qu’une voie à poursuivre – et ce ne sera pas encore le boulevard Richard-Lenoir, que je prendrai tout à l’heure à vélo. Non : ce sera, retour à la Champagne.

Le Vouette & Sorbée Blanc d'Argile est un si beau vin. L’ayant goûté dans des conditions terribles au mois de décembre dernier – sous un auvent dans le froid glacial de l’hiver, inondée par une pluie dense, les chaussures et les pieds trempés, en tâtant les vins du gentil et talentueux Bertrand Gautherot...

Les conditions sont meilleures, ici : des amis, des rires, un bar à vins accueillant, un patron qui prend plaisir à partager nos bouteilles (un petit verre par-ci, par-là ne fait aucun mal), un endroit où nous pouvons sortir prendre l’air (avant d’être chassée par les moucherons et autres papillons de nuit).

Et ce vin est tout simplement gourmand. Donc le cliché serait plus juste si le verre et la bouteille étaient vides !

lundi 4 août 2008

Des bulles à l'improviste et rumination sur l'inégalité des récipients


Paris l’été : c’est un monde différent. J’adore le « n’importe quoi » ambiant, les rues vides de voitures et la possibilité de faire du vélo sous un soleil clément – sans parler des pique-niques et autres festivités urbano-rupestres.

Vendredi, par exemple, Arnaud a passé une journée formidable au bureau. Il fut l'auteur d'un deal remarquable, paraît-il. Ses collègues joyeux ont donc téléphoné au grand restaurant du coin pour se faire livrer une bouteille de Cristal 1999 bien fraîche, avec des flûtes. Mais comme Arnaud sait se faire plaisir de manière moins flashy (et parce qu’il travaille à cinq minutes à pied de chez Legrand Filles & Fils), il est sorti quelques minutes se procurer une bouteille de Substance de Selosse.

Moi, je faisais la queue à la boucherie (Alors, je prends les brochettes ou des merguez maison ?) lorsqu’il m’a téléphoné, à 18h. « Ça te prendra combien de temps pour venir ici ? » Je suis sortie illico de la boucherie et ai dit, « Vingt minutes », suite à quoi j’ai pris un Vélib’ et ai pédalé comme un démon, traversant ponts, rues et boulevards, pour atterrir près de la place de la Bourse quelque 13 minutes plus tard. (Fortiche, non ?)

Il est descendu avec un sac en plastique et une bouteille de Substance à demi pleine, avec deux gobelets en plastique. Nous sommes allés à pied jusqu’au jardin du Palais-Royal, où nous nous sommes installés sur un banc. J’ai versé deux gobelets de Substance.

J'étais déçue. « Ça manque un peu de corps, non ? J’ai eu le bonheur de boire ce vin à quatre occasions depuis l’automne dernier et cette fois-ci, il me semble un peu décevant... »

Arnaud m’a dit : « Le Cristal était plus bling-bling, plus dosé, mais en fin de compte, mes collegues l’ont préféré... D’où le Selosse qui reste ! »

Nous avons bu nos gobelets et avons rebouché la bouteille pour aller prendre le métro (pas question de mettre une bouteille de Substance entamée dans le panier d’un Vélib’, quand même !).

Une fois rentrés à la maison, nous avons remis la bouteille un peu au frais avant de verser la dernière verre dans une flûte Zalto.

Quelle révolution ! Plein de sève et de corps, persistant, entêtant... c’était redevenu le vin que je connais et que j’aime tant.

Cela m’a fait réfléchir : je dédaigne souvent le fanatisme porté sur les verres coûteux et adaptés à un seul cépage, mais cette petite leçon m’a montré néanmoins que tous les récipients ne sont pas égaux...

lundi 28 juillet 2008

Vins et mets, vus par Nossiter


J'ai passé le week-end à lire le livre incendiaire de Jonathan Nossiter, « Le goût et le pouvoir » (je sais, je sais, j'ai pris un peu de retard : c'était sa présence voyante à la bibliothèque Mouffetard qui m'a rappelé que je ne l'avais pas encore lu !).

Livre hybride, puisque les chapitres d'une écriture narrative (mais parsemée de réflexions critiques) sont entrecoupés par des pans de dialogue brut. J'ai trouvé les parties « écrites » plus probantes que les simples conversations rapportées (même si ceux qui parlaient étaient plus ou moins intéressants).

Les passages qui m'ont fait le plus réfléchir en fin de compte étaient ceux qui traitaient de la restauration ambitieuse - et surtout la description du Comptoir d'Yves Camdeborde. Parce que je suis d'accord avec Nossiter et qu'il a su mettre le doigt sur quelque chose qui m'a légèrement dérangée les deux fois où j'ai mangé là mais que je n'aurais pas su expliquer. Oui : le fait est que les vins dans certains restaurants « bistronomiques » ne sont pas à la hauteur. Ceci est vrai aussi pour des adresses telles Ribouldingue ou Le Pré Verre, etc.

Certes, lorsqu'on cherche à faire un repas à la bonne franquette, quoi de mieux qu'un bon cru fait avec talent mais sans chichis ? Un bourgogne de Ghislaine Barthod, un cheverny d'Hervé Villemade, un côtes-du-ventoux de la Ferme Saint-Martin.

Mais comme Nossiter le souligne, la cuisine de Camdeborde est ambitieuse ; précise ; fabuleusement goûteuse. (Ho oui, je n'oublierai pas de sitôt le carpaccio de tête de veau chaud.) Et donc c'est quasiment un refus (Nossiter y voit même une peur chez le grand chef d'être devancé par un vin trop exquis), un refus de laisser un vin sublimer les mets (et vice versa).

C'est dommage. Dommage aussi qu'il n'existe pas en France, comme aux Etats-Unis (même dans les « meilleurs » restaurants), la possibilité d'apporter sa propre bouteille, moyennant un droit de bouchon. Mais ça, c'est un grief pour un autre post...

samedi 19 juillet 2008

Au pays du soleil


La lumière est différente dans le Sud, ainsi que les vins. Mardi nous avons fait une balade, quittant Montpellier par des petites routes indéchiffrables (personne ne m'avait dit que cette ville-là tourne dans un seul sens et que les cartes sont inutiles) pour atteindre le bas du Pic Saint-Loup.

Là, nous fûmes cordialement reçus par le maître de céans au Château de Lancyre, qui nous a montré ses vignes, le sol rocailleux où elles sont plantées et ensuite nous a fait déguster des crus qui exprimaient de manière pure leur cépage et leur sol.

Le soleil commençait à taper et nous avons repris la route pour déjeuner dans Nîmes, sur un petit square où l'ombre tombait entre la lumière sous les feuilles d'un mûrier d'Espagne. Au sortir de table, nous avons téléphoné à Gérard Eyraud, qui nous a invité aussitôt à venir dans son domaine : réponse que nous souhaitions entendre.

Le Domaine de Rapatel se situe à une dizaine de kilomètres de Nîmes, au bout d'une allée bordée de fleurs. Reçus par notre vigneron, nous sommes allés au chai pour passer une après-midi de conversation et de dégustation épatantes. Je lui avait prévenu que je voudrais tout goûter : nous avons tout goûté, en plus des échantillons tirés sur cuve...

Ce vigneron des plus atypiques fait des vins robustes et plein d'éclat. Son Costières de Nîmes (syrah-grenache) ne sort que quand « il le vaut » ; dernièrement en 2000 et en 2005. Sinon, le vin devient « la petite signature », comme un 2004 d'une grande fraîcheur qui nous a bien plu, ou un vin de pays qui nous a séduit dans sa simplicité et sa gourmandise première (2006).

Les blancs ne sont pas en reste ; d'une immense élégance pour le Costières de Nîmes grande signature, et d'un bien-bâti pour la « petite signature », regoûté le lendemain en guise d'apéro, façon pique-nique, sur la route du retour à Paris.

Mais c'est le rosé qui m'a bluffée. Un rosé... rouge. Carbonique. Délicieux. Gérard Eyraud l'a carafé et a violemment secoué la carafe pour faire partir le CO2, mais les deux expériences furent toutes deux probantes : dans le verre pré-secouage, il se montrait piquant, impertinent, gourmand. Après secouage, plus poli, robuste, fleuri. J'ai aimé les deux, avec une petite préférence pour le non-secoué. Mais sa robe ! On aurait dit du gamay de Touraine. Un rosé inédit.

Il se faisait tard et notre compagne de voyage devait rentrer, ce qui nous a empêchés de pouvoir accepter l'invitation d'aller déguster les 2007 dans un autre chai...

Mais non sans bien stocker la voiture de caisses. Quand même.

mardi 8 juillet 2008


Nous avons bien bu à Paris - tout dernièrement avec une petite coterie de convives, avec qui nous avons sondé la Champagne et la Bourgogne (mm, merci les amis pour un très gourmand Ruinart 2000) ; maintenant nous nous apprêtons à prendre la route, direction (inattendue) : l'Auvergne et ensuite, le Languedoc.

Plus précisément, Charroux, La Bourboule et puis, Montpellier. Comme seuls La Bourboule et Montpellier s'imposaient, il fallait trancher pour la descente : le Centre ou l'Auvergne pour une halte vineuse ?

Oui, le choix était dur à faire. Tout d'abord, on n'avait pas le temps de passer par des régions nobles - ne fût-ce que le Val de Loire ! - et deuxièmement, cela nous laissait libres de tâter de crus qu'on fréquente moins assidûment que les bourgognes et les champagnes, justement, et autres chinon, bourgueil et compagnie.

Mais allions-nous voguer du côté de Châteaumeillant ? (J'en connais de très goûteux.) Ou plutôt vers Saint-Pourçain ? (J'ai le souvenir aussi d'un excellent pétillant - si, si !)

Finalement, attirés par la beauté du village de Charroux (et par sa moutarde), nous avons tranché pour le Bourbonnais et donc Saint-Pourçain-sur-Sioule. Ce sera intéressant de voir comment ont progressé les vins depuis quelques années que je n'en ai pas goûté.

Ensuite, descente à Montpellier et donc balade vers Pic-Saint-Loup. Ces vins-là seront quasi totalement une découverte pour moi ; j'espère en trouver de nuancés, car mon image pour l'instant est de crus trop souvent massifs.

Nous verrons bien ce que nous devenons...

Et si jamais vous avez des suggestions de vins ou de vignerons, je suis preneuse. Cliquez donc sur « Commentaires » !

mercredi 25 juin 2008

L'éclectisme


L’éclectisme en matière de vin est d'une importance cruciale – ça, j'en suis persuadée. Et plus je fais des dîners d’œnologues, plus j’apprécie le change. Certes, on est nombreux et certes, on abuse… Mais je trouve infiniment plus pertinent de passer d’un excellent champagne de récoltant à un anjou blanc, pour sauter ensuite dans la direction de la Bourgogne, etc.

J’organise mes dîners ainsi, sans faire dix millésimes successifs du Clos des Papes ou du Château Lynch-Bages.

Et donc on découvre des vins au lieu de les jauger et de les juger les uns strictement alignés sur les autres.

Dernièrement on a fait un dîner chez moi. En plus de la conversation, les vins étaient assez passionnants. Depuis un champagne Agrapart 7 Crus on a surfé jusqu’en Corse pour tâter d’un Corse Calvi Renucci 2006 « Cuvée Vignola » ; ensuite, c’était au tour de l’Amérique. Hein ? Eh bien non, pas n’importe lequel vin d’Amérique (avec toutes les atrocités californiennes qui existent), mais du Ridge : versant zinfandel. Un Ridge Geyserville 1999 a laissé tout le monde pantois. Où aller après ? Vers Châteauneuf, pour une bouteille de la Cuvée des Générations du Château de la Gardine… Et ensuite, on a terminé les fromages sur un autre registre complètement : un Chinon (quand il n’y a pas plus puissant, il faut carrément reculer, et dur).

Les dégustations systématiques ont leur place, nul ne dit le contraire. Mais lors d’un dîner, il faut laisser vagabonder ses goûts… comme pour l’agencement des plats.

Si seulement je connaissais des gens qui accepteraient de faire un dîner tout au champagne, hélas !

lundi 9 juin 2008

¡ Qué viva Sancerre !


Samedi matin, nous sommes partis pour Sancerre dans une Smart rouge-tomate de location - qui avait, curieusement, des plaques espagnoles. Assez extravagant : et préoccupant pendant quelques instants quand la pensée est venue que si Roger Federer perdait la finale à Roland-Garros le lendemain, une émeute de Suisses excédés nous lapiderait à notre retour à Paris...

Mais à part un pompiste qui m'a adressé la parole en espagnol, tout était calme sur ce sujet-là. Et le voyage était superbe. Qui aurait imaginé qu'une Smart puisse bien caser neuf caisses de vin ? Et rouler à 150kmh ?

Après une halte à Briare pour admirer le pont-canal et casser une croûte arrosée de Coteaux du Giennois (du gamay franc et simple et servi froid, comme il se doit), nous avons pris la départementale pour descendre sur Chavignol.

Pascal Thomas nous y a accueillis et nous avons pu goûter ses 2007, qui étaient (surtout la cuvée Réserve Spéciale) très aromatiques pour ce que j'imaginais être un millésime assez faible. Nous avons parlé des aléas de la vigne et de la politique du vin ; nous avons goûté aussi une cuvée intéressante qui s'appelle « Bois Perdu » (en 2004), très atypique et presque inclassable (de vieilles vignes et élevé pour partie en fûts de chêne de 5-6 vins) : un vin qu'il sera amusant de servir à l'aveugle.

Après ce moment très convivial, nous avons chargé nos emplettes et avons repris la Smart pour grimper la colline en direction de Verdigny, où nous allions goûter les vins de Paul Prieur.

Or, il se fait que je connais les vins de M. Prieur depuis presque dix ans, mais malgré une bonne poignée de visites en sancerrois, je n'avais jamais réussi à mettre le pied à Verdigny.

On y est arrivé et on nous a accueillis avec beaucoup de générosité (et du fromage de chèvre artisanal !)

Nous avons pu déguster dans un premier temps une (petite) gamme de vins superbes. Les 2007, en rosé et blanc et le 2006 en rouge étaient tous, en fait, des modèles du genre. Le rosé avait de la chair mais aucune sucrosité inélégante ; il était très équilibré. Le blanc m'a bluffée ; harmonieux, suave, riche mais pas massif comme les Rafaël Nadal des cuvées surextraites ou de minuscule rendement qu'on rencontre parfois ces jours-ci. Non : du sancerre classique et d'une classe folle.

Le rouge en 2006 était pour moi, qui a un œil toujours sceptique sur le sancerre rouge (nota : ce qui m'a valu une belle dégustation à l'aveugle d'un 1993 chez les parents d'Arnaud, mais cela, j'ai dû le raconter déjà) - moi, donc, qui ai tendance à être sceptique sur les rouges de sancerre, j'ai trouvé ce vin de Paul Prieur excellent. Du pinot noir très différent d'un bourgogne, mais avec du sérieux, de la structure. On dirait qu'il vieillira bien : et puis, on a pu en faire la preuve.

M. Prieur est d'une grande gentillesse et nous avons visité la cave pour goûter le 2007 en rouge sur fût : encore trouble et un peu brouillon, il a déjà une droiture et de la matière. On aura plaisir à le boire dans un an.

Puis, de manière très acrobatique, notre hôte a saisi du haut d'une cage de stockage une bouteille de rouge, et ensuite, plus loin, un blanc.

Nous sommes remontés dans la salle de dégustation pour les ouvrir.

Sancerre blanc Paul Prieur 2004 - Hm ! Un vin délicieux et encore absolument harmonieux. Après certaines expériences récentes avec des sancerre blanc qui devenaient une pointe sucrailleux avec le temps, la dégustation de celle-ci m'a montré un vin limpide, avec de la minéralité et du corps mais nulle chair excessive. Excellent.

Et le rouge surprise... un 1996.

Sancerre rouge Paul Prieur 1996 - Ouaou ! Tout de go, le nez était expressif et bondissait du verre. En bouche, c'était un vin dense et complexe, d'une jeunesse étonnante et d'une matière sérieuse et construite. Il y avait de la terre, des cerises, des cailloux. On aurait dit un bourgogne de la Côte de Nuits...

Et comme la conversation continuait joyeusement, il s'est fait tard et il a commencé à pleuvoir. Heureusement qu'il y avait de la place dans notre petite Smart espagnole pour de nombreuses bouteilles - qui nous consoleront, peut-être, de la perte du match par notre idole Roger Federer... hélas...

mardi 27 mai 2008

Vin transatlantique


Je viens de regagner Paris après un voyage de dix jours à New York – ou plutôt à côté, sur l’île verdoyante où je suis née et où ma famille réside encore : Long Island.

Le premier soir, nous avons pris le chemin de la maison Bowman, où maman faisait mijoter un plat bien à mes goûts et où elle gardait soigneusement dans un coin sombre et frais de la cave une bouteille que j’avais fait expédier par un caviste washingtonien : un Ridge Monte Bello 1988.

Or, je garde dans ma cuisine à Paris trois bouteilles vides sur une étagère, chacune l’ancienne demeure du meilleur vin rouge, blanc et pétillant qu’il m’est arrivé de goûter de ma vie. Ils sont, dans l’ordre de leur service (à une table mythique, si jamais je les réunis !) : Substance de Selosse ; Chevalier-Montrachet Domaine Leflaive 2001 ; et pour le rouge, Ridge Monte Bello 1987 (chose curieuse, certes, pour une amatrice avouée des vins rouges de Bourgogne).

Chez mes parents, nous avons dégusté le Ridge Monte Bello 1988 avec plaisir. Eux, curieux mais assez loin de la culture œnophile, ont remarqué une certaine différence d’avec les crus assez récents qu’il leur était arrivé de goûter par-ci, par-là. Mais qu’est-ce que ce vin était jeune ! Qu’est-ce qu’il était élégant, soyeux, raffiné. Mon plaisir était immense. Il n’avait pas le charme ineffable du 1987 bu il y a un an et demi, mais il était néanmoins persuasif au possible, subtile et sapide.

Suite à quelques jours de débauches diverses en ville et entre amis, nous nous sommes retrouvés de nouveau à Long Island. Destination : les Paumanok Vineyards.

Je décrirai cette visite dans mon prochain post...

lundi 28 avril 2008

On Avize



Si les Allemands ont l'expression « heureux comme Dieu en France », je pense que les Américaines œnophiles pourraient tenter celle-ci : « heureux comme Dieu à Avize ».

Je me suis rendue à ce petit village de la Côte des Blancs jeudi dernier en compagnie d'un ami australien. Déjà, y arriver n'était pas chose facile : un autre train a percuté une vache sur la voie et le mien, de train, a été retardé d'une heure. Mais j'ai pu finalement atteindre le but de ma (courte) pérégrination, sous un soleil rutilant et dans la trépidation absolue devant l'objet de ma visite, le domaine Jacques Selosse. Ou plutôt, celui qui, d'un œil perspicace et d'une rapidité mentale hors du commun, le dirige : Anselme Selosse.

Il nous a accueillis avec naturel et une grande générosité. La conversation a commencé tout de suite.

Trois heures plus tard, je suis sortie dans le soleil, là où les oiseaux chantaient. Nous avions dégusté des vins clairs ; nous avions discuté des aléas de la lune et du soleil, de la croissance des baies et du bon usage d'une table d'hôte.

J'ai tout en tête, mais j'ai tout enregistré aussi : je m'en servirai pour écrire un article plus construit.

Suffit à dire que les vins, quant à eux, parlent la langue de la nature avec une assurance inattendue mais sûre, et qui paradoxalement peut inclure des imperfections qui sont comme un supplément d'âme. Pas de fard. (D'ailleurs, le millésime 1999 qu'Anselme a dégorgé sur place et qui n'avait pas été dosé était une expression assez pure (austère aussi) de cette année robuste.)


(P.-S. Je sais que cette photo des raisins chardonnay n'a rien à voir... mais tant que David sera dans l'avion pour l'Australie avec les photos prises sur place...)

dimanche 20 avril 2008

God bless les Breton



Ces derniers temps, on a été assez Breton-eux. Après une dégustation des plus probantes au Salon des vignerons indépendants (où je fus séduite au possible par un Bourgueil Perrières 2005), nous avons consommé à la maison, à la queue-leu-leu, un Nuits d'Ivresse 2005, suivi quelques jours plus tard par un Avis de Vin Fort 2006, pour terminer en beauté avec un Bourgueil Perrières 2005 (il fallait faire découvrir à Arnaud ce cru délicieux mais tout jeune (si seulement je pouvais avoir la patience et la probité pour l'attendre...)) et ensuite, ce week-end, pour fêter l'anniversaire de Catherine T., Chinonnaise, nous avons ouvert une bouteille de Bourgueil Perrières 2003.

Le Bourgueil Perrières 2005 est actuellement d'un soyeux étonnant, avec de la matière - déjà ouvert mais si jeune qu'on l'attendrait bien dix ans. Il est sapide, avec des notes de fruit et des tannins qui se cachent sous un corps lisse. Le Nuits d'Ivresse 2005 est harmonieux, parfait; comme une statue de femme grecque bien lisse, si seulement le marbre pouvait être de couleur cassis. Et puis, l'Avis de Vin Fort est un vin de soif, qu'on boit sans arrière pensée, mais qui laisse un souvenir prégnant.

Donc nous avions devant nous le Bourgueil Perrières 2003...

Je craignais que le millésime 2003 nous réserve des surprises atypiques pour le cabernet franc ligérien, dont on aime la rusticité et le côté violette / sous-bois... Effectivement, ce cru était assez robuste, avec des tannins présents en finale, mais c'était aussi un vin exubérant, complexe, sombre, gras mais avec un goût de terroir sublimé ; on retrouvait la pointe de mousse, le soupçon de violette... Nous étions tous séduits.

Ce qui risque de provoquer des rechutes dans les jours qui viennent...

vendredi 11 avril 2008

Grand blanc



Cette semaine j'ai bu le plus grand vin blanc qu'il m'est arrivé de goûter. C'était un petit cadeau joyeux de la part d'Arnaud, qui voulait me faire plaisir. Car il sait qu'il y a trois mots qui dans ma mémoire résonnent encore avec un plaisir inébranlable et inégalé : Chevalier. Montrachet. Leflaive.

On s'est retrouvé au Mesturet lundi midi autour d'un club sandwich au bar. Arnaud feuilletait The Financial Times que je venais de lui apporter, puis il m'a posé la question : « Ça te dirait de boire un très grand vin ce soir ? » Mine de rien, mais il me regardait subrepticement pour voir ma réaction.

Il devait courir, après, pour regagner son bureau. À moi donc de sauter dans le métro, direction place Saint-Augustin. Les caves Augé ouvrent à 13h le lundi et j'étais là pile-poil dès l'ouverture de la porte. (Par ailleurs, j'ai pu discuter avec le membre de l'équipe qui m'avait conseillé la dégustation des vins de Philippe Jambon la semaine d'avant - et je me suis laissé aller à en racheter une bouteille (ainsi qu'un Viré-Cléssé de chez Valette, miam).)

Quelques minutes plus tard, je sortis dans le soleil. J'avais mon butin, du cru 2001, niché entre les deux autres bouteilles dans un sac blanc imprimé de bleu.

J'avoue que ma pensée s'est baladée plus d'une fois du côté de cette bouteille pendant l'après-midi...

Donc le l'ai ouverte tôt, le soir venu. Arnaud était rentré et nous avons eu du mal à résister à la tentation de l'entamer tout de suite...

Chevalier-Montrachet Leflaive 2001 - quelle pureté ; dès l'ouverture de la bouteille le nez est puissant, cela t'englobe les narines... La robe est jaune foncé, cire d'abeille. Et en bouche (ceci fut vrai surtout au bout d'une heure ou deux d'aération), d'une race, d'une complexité et d'un soyeux sans pareil... Des notes de pelure de citron et de noisette, du foin et et des touches infiniment délicates qui devenaient plus amples avec le temps et un ou deux degrés de plus...

En voici un, de nouveau : un vin qui m'a donné envie de rire, tellement j'étais prise au dépourvu par ses charmes.

samedi 29 mars 2008

Dégustation printanière chez Augé




Soleil rutilant et vins du Beaujolais étaient au menu ce jour aux Caves Augé. J'adore leur série de dégustations sur le trottoir devant la boutique; la présence bienveillante et la bonhomie du patron, Marc Sibard ; la décontraction et l'accessibilité des vignerons - et surtout la qualité absolument bluffante des vins présentés.

Aujourd'hui, j'ai fait des découvertes joyeuses. Comment se fait-il que je n'aie jamais goûté jusqu'ici les Mâcons du domaine Valette ? Leur Viré-Cléssé 2005 était somptueux... D'une complexité dingue au nez et d'une matière pleine en bouche. Sans parler des Mâcons.

Pour des raisons bêtes (« il doit être un intégriste du terroir c'lui-là ») j'avais l'intention de bouder Philippe Jambon. Heureusement qu'une courte conversation avec un des membres de l'équipe Augé m'a fait changer d'avis. Le "Jambon Blanc" 2006 était un vin étonnant, mémorable. Classé « vin de table » mais en fait cultivé dans l'aire de Mâcon-Fuissé, ce blanc non soufré est riche, entêtant, il et s'impose absolument.

Du côté des rouges, j'ai pu affirmer mes connaissances : apprendre à distinguer entre un Morgon et un Moulin-à-Vent est une tâche bien agréable, quand les manuels sont Foillard, Lapierre, Descombes, Métras et autres...

Il faisait si beau que je suis rentrée à pied. Un peu sur un nuage.

dimanche 23 mars 2008

Les méfaits de l'inattention




Ce matin : découverte catastrophique...

Vendredi soir, des amis sont passés. J'ai sorti plusieurs bouteilles de champagne, y compris un Raymond Boulard Tradition Brut Nature et un Pierre Moncuit Grand Cru "Moncuit-Delos"... Mais comme Sara est arrivée très en retard et que nous avions fini les deux bouteilles en question, je suis allée glisser une troisième bouteille dans le congélateur... Plus précisément, une bouteille de Fallet-Prévostat Extra-Brut.

Malheur. Ce matin, deux jours plus tard, j'ouvre le congélateur.

Quelle douleur ! Mon unique bouteille de ce cru qui m'a tellement séduite et charmée... Ce vineux breuvage, tout blanc de blancs d'Avize, qui me rappelle comme un petit écho du champagne Selosse.

Eh bien, il faudra que je m'en procure de nouveau. Quand j'aurai arrêté de pester contre moi-même...

vendredi 14 mars 2008

Rouge bourgogne



Ça, c'est la fin d'une carafe de Nuits-Saint-Georges 1er cru "Clos de la Maréchale" 2005 de J.-F. Mugnier. Sa couleur, dans le verre et dans la carafe, était d'une beauté à fendre le cœur...

Ce vin était d'un soyeux sans faille, un ruban de velours rouge clair qui ruisellait le long de la langue et de la gorge... Une chose pure, profonde, toute jeune mais déjà d'une grande complexité.

Le bonheur te fait sortir du temps ; quelle parenthèse !

lundi 10 mars 2008

Stop aux « vins pour femmes »



Aujourd'hui je surfais sur le web et j'ai trouvé le compte-rendu d'un dîner d'œnophiles en Californie. Celui qui l'écrivait a commencé par la phrase : Nous étions 15, en plus des épouses, présentes pour nous ramener à bon port après consommation.

Par la suite, ils ont descendu une trentaine de crus non négligeables de la Côte d'Or.

Moi, en le lisant, j'ai eu du mal à avaler la phrase sur les femmes, présentes uniquement pour prendre le volant lorsque les maris auraient trop imbibé.

Le monde du vin peut être machiste... mais je me battrai toujours ! L'idée que les femmes ne seraient pas des dégustatrices ou des amatrices sérieuses ; qu'elles n'aimeraient que le sucrailleux ou les bulles bien dosées... cela m'attriste.

J'ai une affection prononcée pour le volnay (vin de femmes, mais, bon... on le gardera, hein...) - mais, figurez-vous, j'adore également le grenache. Un bon costières-de-Nîmes fait mon bonheur, souvent.

Et j'exècre le rosé (attention aux amateurs du rosé : si vous contestez cette postiion, faites-moi savoir ce qu'il faudrait goûter).

OK, assez rouspéter. Je m'en vais manger un bon confit de canard arrosé d'un pot de cahors !

jeudi 28 février 2008

D'un puligny l'autre



Dimanche, nous sommes allés au restaurant Astier. Ma soif de Puligny-Montrachet restait inassouvi... Nous étions quatre, mais Michel et moi nous disputions la carte des vins (avec rires), à tel point que nous avons dû en demander une deuxième. Voilà pour les œnophiles !

Que vois-je parmi le choix bien étoffé et bien raisonnable, côté prix : un Puligny-Montrachet J.-M. Boillot 2004.

C'est ainsi que nous avons commencé le repas. (Et terminé aussi, avec le plateau de fromages ; après un petit écart du côté du rouge avec un Beaune 1er cru "Féguine" 1998 de Jacques Prieur qui lui, avait un nez bourguignon à tomber par terre et qui, en bouche, s'est ouvert soyeusement avec le temps et le carafage.)

Quant au Puligny de Boillot : il était tout simplement bluffant. D'une précision crystalline, d'une minéralité qui ne transigeait pas, sur une trame de fleurs blanches, d'agrumes et de biscuits au beurre. Un délice.

Malheureusement que je mangeais du hareng avec des oignons crus ! Le geste cruel vis-à-vis de ce vin si fin !

Il se réveilla mieux avec le salers en fin de repas...

dimanche 24 février 2008

Le bon, la brute et le truand


Hier soir, nous sommes aller dîner dans un restaurant près de chez nous : L'Equitable. Tout ce que je peux dire, c'est que c'était... compliqué, comme expérience : un mélange total de choses positives et de bizarreries.

La soirée a commencé avec quelques coupes de champagne chez Guy et Anne, qui ont gracieusement versé du Pannier brut en tentant de calmer leur petit pirate de quatre ans, Arthur. C'était le rituel du champagne, en fait, qui l'a transformé en enfant de chœur : très délicatement, il a porté chaque flûte à son destinataire.

La babysitter est arrivée et elle aussi a eu droit à une flûte en attendant notre départ, avec la petite Chloé dans ses bras, fascinée par son collier. Nous sommes partis dans la nuit pour marcher vers l'Equitable, à quelque cinq minutes à pied de là.

Le décor était décidément atypique pour Paris. Avec de grandes pierres blanches, avec des poutres apparentes partout et des tableaux naïfs sur les murs, l'ambiance était provinciale au possible.

On nous a apporté des gougères et nous avons commandé une bouteille de Borgeot Puligny-Montrachet "Les Charmes" 2004. Le sommelier semblait déconcerté lorsque les autres m'ont indiquée comme celle qui allait le goûter. Déjà pour le côté vin, le restaurant s'était montré moins vaillant qu'il ne le faudrait - la carte des vins était un peu défraîchie. Parmi les cinq ou six vins de chaque région, deux ou trois étaient biffés...


Le Puligny était agréable - une bonne minéralité. Un beau nez, un boisé discret, le tout bien harmonieux et bien bâti.

Nos entrées ont apparus et là, c'était le point fort de mon repas : tête de veau avec une salade de roquette. Et c'était la première fois que j'avais mangé une tête de veau avec un morceau de cervelle frite par-dessus. Génial ! La cervelle était tendre, bien assaisonnée et extrêmement goûteuse sous sa panure croquante.


Après, les choses ont un peu viré dans le bizarre. Toutes les entrées avaient été réussies : goûteuses, inventives, bien présentées. Les plats, de même, lorsqu'ils arrivaient à table successivement, avaient belle allure, étaient très alléchants : le carré d'agneau de Guy avec des quenelles de polenta crémeuse ; le jarret de veau d'Arnaud avec un fier morceau de moelle parsemé de poivre concassé par-dessus. Nous avons commandé une bouteille de Saint-Joseph Prieuré d'Arras 2005 - pour ce qui était des vins rouges du Rhône, il n'y avait que cela ou un Crozes-Hermitage Colombo 2005. (On avait cherché en vain un bourgogne rouge... Tous étaient des 2004, choix risqué quand on ne connaît pas le producteur.)


Le Saint-Joseph était correct comme expression du cépage syrah, mais il n'était pas très charpenté, manquant peut-être un peu de personnalité.


Le magret de canard de Marc-André avec des blinis au céleri rave avait l'air bon.

Et ensuite... le serveur a apporté mon plat principal...

La carte avait indiqué une marmite de saumon, de dorade et de moules, que j'avais imaginés dans une sauce à la crème.

Horreurs !


Le bouillon était insipide et le poisson qui se cachait sous les loques de poireaux et d'épinards était trop cuit. Comme la photo le montre, la seule chose qui m'a sauvée était l'os à moelle d'Arnaud, car lui - chose ô combien incompréhensible ! - n'aime pas la moelle.

Nous avons fini le repas avec des tartes fines aux pommes, servie chaudes avec de la glace au caramel qui fondait rapidement dessus, et avions décidé de les accompagner d'un verre de Gaillac doux chacun (de nouveau, un moment désagréable avec le sommelier, qui a refusé de nous apporter une bouteille entière, puisque tout ce qui figurait sur la carte des vins doux était indiqué par verre seulement. « Mais on est cinq... » a dit Guy, en vain).

Nous avons été bien nourris, avons beaucoup rigolé, mais il ne faut pas nier qu'il y avait quelques éléments curieux dans le tas...

J'étais aussi dans une sorte de coma dû à une consommation excessive de moelle. Oui... Anne m'avait glissé son os à moelle, aussi.

C'est quand même bon, ça.

mercredi 20 février 2008

Huîtres et Pessac-Léognan




Il est toujours agréable de se donner un week-end de détente et de soleil éclatant en Charente-Maritime, surtout quand on est accueilli avec les vins et mets qu'on tâte chez Catherine et Didier.

Un goût du sublime avec des huîtres fraîchement achetées au marché de Fouras, siffées avec un jeune blanc de Pessac-Léognan nerveux et pimpant. Un filet de bœuf avec la mâche la plus goûteuse qui soit et un Bourgueil de 1995 d'une jeunesse confondante ont fait un mariage de grand amour.

Je me dis que la prochaine fois, il faut absolument que je note le producteur de leur Pineau des Charentes - on a goûté le rouge et le blanc et ils sont vraiment excellents, sans aucune lourdeur ; le blanc, surtout, j'ai trouvé d'un équilibre rare.

Le seul bémol du week-end venait en fait de mon côté : j'ai apporté une bouteille de Chapoutier "Petite Ruche" Crozes-Hermitage 2005 que j'ai trouvé aqueux et sans grand intérêt... On n'aurait pas dit de la syrah ; plutôt quelque chose qui frôlerait un vin de Savoie (sans vouloir insulter les nobles vins de cette noble région-là... par ailleurs, j'ai fort envie de faire un saut à Annecy cet hiver, rien que pour découvrir de nouvelles saveurs...).

jeudi 7 février 2008

Vive l'éclectisme

Depuis mon dernier post j'ai pu goûter des vins vieux et jeunes... et jaunes.

Tout a commencé avec un dîner spectaculaire chez Guy, qui a décidé au débotté de déboucher un Haut-Brion 1996. Je suis restée, nez dans le verre, pantoise. Ce vin avait de la complexité, de la longueur et quelque langueur... Il est si puissant mais austère, en évitant les solutions faciles : le fruit, les fleurs ; non : la cendre, le tabac, le cacao. Il était magnifique. Je voulais le garder dans ma bouche, sur mon palais, au lieu de l'avaler. Et puis, ce soir-là, puisque Guy est comme ça, du haut de son mètre 90 souriant, il a sorti ensuite un Ausone 1989. Des feuilles légères, des pétales de fleurs séchées au début - et deux heures plus tard, le vin avait pris un corps et une rondeur somptueux. Ces bouteilles étaient autant d'élixirs que je n'oublierai pas demain.

La vie a suivi son train-train, après. Jusqu'au jour où, moi, qui n'aime pas les surprises, je suis entrée dans un guet-apens. Je devais déjeuner avec François A., situation au demeurant des plus agréables. Mais je débarque au restaurant et je vois le sommelier qui pose une bouteille tout délicatement dans un panier pour que ça reste à un angle qui ne laisse pas le dépot troubler ni le fond de la bouteille ni le tout. Et la bouteille, bientôt versée si délicatement dans nos verres, c'était un Chambertin Rousseau 1993. Je peux dire avec force et tout catégoriquement que malgré le charme de la conversation de François (qui est une sorte de génie du discours à la fois léché et décalé), j'ai suivi l'évolution de ce vin dans mon verre avec un étonnement croissant. Comment un vin peut-il être aussi majestueux ?... et le devenir encore plus... et être si entêtant ?... C'était à fendre le cœur.

J'ai fait diète pendant quelques jours, après.

Le week-end dernier, j'ai dû mettre tous mes pull-overs dans une valise pour aller me rendre à la Percée du vin jaune, à Sainte-Agnès dans le Jura. Le soleil était heureusement au rendez-vous ; on a eu 7 degrés cléments et malgré un parcours pieton d'un kilomètre et demi (nous nous pensions fûtés en évitant les inévitables navettes) pour atteindre le village, on a pu goûter un délicieux Savagnin "Terres Bleues" 1996 du Domaine de la Pinte, ainsi qu'un mémorable Arbois Vin Jaune 1986 du Domaine Rolet, entre autres... Avec des jésus de Morteau et de la cancoillotte, tout ce qu'il y a de plus terroir.

De retour à Paris : la crève. Donc, l'abstention... provisoire...