jeudi 7 février 2008

Vive l'éclectisme

Depuis mon dernier post j'ai pu goûter des vins vieux et jeunes... et jaunes.

Tout a commencé avec un dîner spectaculaire chez Guy, qui a décidé au débotté de déboucher un Haut-Brion 1996. Je suis restée, nez dans le verre, pantoise. Ce vin avait de la complexité, de la longueur et quelque langueur... Il est si puissant mais austère, en évitant les solutions faciles : le fruit, les fleurs ; non : la cendre, le tabac, le cacao. Il était magnifique. Je voulais le garder dans ma bouche, sur mon palais, au lieu de l'avaler. Et puis, ce soir-là, puisque Guy est comme ça, du haut de son mètre 90 souriant, il a sorti ensuite un Ausone 1989. Des feuilles légères, des pétales de fleurs séchées au début - et deux heures plus tard, le vin avait pris un corps et une rondeur somptueux. Ces bouteilles étaient autant d'élixirs que je n'oublierai pas demain.

La vie a suivi son train-train, après. Jusqu'au jour où, moi, qui n'aime pas les surprises, je suis entrée dans un guet-apens. Je devais déjeuner avec François A., situation au demeurant des plus agréables. Mais je débarque au restaurant et je vois le sommelier qui pose une bouteille tout délicatement dans un panier pour que ça reste à un angle qui ne laisse pas le dépot troubler ni le fond de la bouteille ni le tout. Et la bouteille, bientôt versée si délicatement dans nos verres, c'était un Chambertin Rousseau 1993. Je peux dire avec force et tout catégoriquement que malgré le charme de la conversation de François (qui est une sorte de génie du discours à la fois léché et décalé), j'ai suivi l'évolution de ce vin dans mon verre avec un étonnement croissant. Comment un vin peut-il être aussi majestueux ?... et le devenir encore plus... et être si entêtant ?... C'était à fendre le cœur.

J'ai fait diète pendant quelques jours, après.

Le week-end dernier, j'ai dû mettre tous mes pull-overs dans une valise pour aller me rendre à la Percée du vin jaune, à Sainte-Agnès dans le Jura. Le soleil était heureusement au rendez-vous ; on a eu 7 degrés cléments et malgré un parcours pieton d'un kilomètre et demi (nous nous pensions fûtés en évitant les inévitables navettes) pour atteindre le village, on a pu goûter un délicieux Savagnin "Terres Bleues" 1996 du Domaine de la Pinte, ainsi qu'un mémorable Arbois Vin Jaune 1986 du Domaine Rolet, entre autres... Avec des jésus de Morteau et de la cancoillotte, tout ce qu'il y a de plus terroir.

De retour à Paris : la crève. Donc, l'abstention... provisoire...

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