lundi 28 juillet 2008

Vins et mets, vus par Nossiter


J'ai passé le week-end à lire le livre incendiaire de Jonathan Nossiter, « Le goût et le pouvoir » (je sais, je sais, j'ai pris un peu de retard : c'était sa présence voyante à la bibliothèque Mouffetard qui m'a rappelé que je ne l'avais pas encore lu !).

Livre hybride, puisque les chapitres d'une écriture narrative (mais parsemée de réflexions critiques) sont entrecoupés par des pans de dialogue brut. J'ai trouvé les parties « écrites » plus probantes que les simples conversations rapportées (même si ceux qui parlaient étaient plus ou moins intéressants).

Les passages qui m'ont fait le plus réfléchir en fin de compte étaient ceux qui traitaient de la restauration ambitieuse - et surtout la description du Comptoir d'Yves Camdeborde. Parce que je suis d'accord avec Nossiter et qu'il a su mettre le doigt sur quelque chose qui m'a légèrement dérangée les deux fois où j'ai mangé là mais que je n'aurais pas su expliquer. Oui : le fait est que les vins dans certains restaurants « bistronomiques » ne sont pas à la hauteur. Ceci est vrai aussi pour des adresses telles Ribouldingue ou Le Pré Verre, etc.

Certes, lorsqu'on cherche à faire un repas à la bonne franquette, quoi de mieux qu'un bon cru fait avec talent mais sans chichis ? Un bourgogne de Ghislaine Barthod, un cheverny d'Hervé Villemade, un côtes-du-ventoux de la Ferme Saint-Martin.

Mais comme Nossiter le souligne, la cuisine de Camdeborde est ambitieuse ; précise ; fabuleusement goûteuse. (Ho oui, je n'oublierai pas de sitôt le carpaccio de tête de veau chaud.) Et donc c'est quasiment un refus (Nossiter y voit même une peur chez le grand chef d'être devancé par un vin trop exquis), un refus de laisser un vin sublimer les mets (et vice versa).

C'est dommage. Dommage aussi qu'il n'existe pas en France, comme aux Etats-Unis (même dans les « meilleurs » restaurants), la possibilité d'apporter sa propre bouteille, moyennant un droit de bouchon. Mais ça, c'est un grief pour un autre post...

2 commentaires:

Gwenola a dit…

Bonjour,
J'ai également lu le livre de Nossiter. Personnellement, je n'ai pas été convaincue par son livre car trop manichéen à mes yeux. Néanmoins je dois lui reconnaître un bon carnet d'adresse et j'ai été heureuse de découvrir le restaurant La Cagouille grace à lui.
Au plaisir de continuer à vous lire
Gwenola

Sharon a dit…

Tout à fait d'accord ; si on n'est pas de ses amis (qui sont peu - et vivent tous à Meursault mais préfèrent la côte chalonnaise, bien sûr...), on est un gros méchant. Senderens tout simplement parce qu'il cherche à se protéger d'une éventuelle descente par Nossiter ! ce qui arrive quand même, sans être très convaincante...