samedi 19 juillet 2008

Au pays du soleil


La lumière est différente dans le Sud, ainsi que les vins. Mardi nous avons fait une balade, quittant Montpellier par des petites routes indéchiffrables (personne ne m'avait dit que cette ville-là tourne dans un seul sens et que les cartes sont inutiles) pour atteindre le bas du Pic Saint-Loup.

Là, nous fûmes cordialement reçus par le maître de céans au Château de Lancyre, qui nous a montré ses vignes, le sol rocailleux où elles sont plantées et ensuite nous a fait déguster des crus qui exprimaient de manière pure leur cépage et leur sol.

Le soleil commençait à taper et nous avons repris la route pour déjeuner dans Nîmes, sur un petit square où l'ombre tombait entre la lumière sous les feuilles d'un mûrier d'Espagne. Au sortir de table, nous avons téléphoné à Gérard Eyraud, qui nous a invité aussitôt à venir dans son domaine : réponse que nous souhaitions entendre.

Le Domaine de Rapatel se situe à une dizaine de kilomètres de Nîmes, au bout d'une allée bordée de fleurs. Reçus par notre vigneron, nous sommes allés au chai pour passer une après-midi de conversation et de dégustation épatantes. Je lui avait prévenu que je voudrais tout goûter : nous avons tout goûté, en plus des échantillons tirés sur cuve...

Ce vigneron des plus atypiques fait des vins robustes et plein d'éclat. Son Costières de Nîmes (syrah-grenache) ne sort que quand « il le vaut » ; dernièrement en 2000 et en 2005. Sinon, le vin devient « la petite signature », comme un 2004 d'une grande fraîcheur qui nous a bien plu, ou un vin de pays qui nous a séduit dans sa simplicité et sa gourmandise première (2006).

Les blancs ne sont pas en reste ; d'une immense élégance pour le Costières de Nîmes grande signature, et d'un bien-bâti pour la « petite signature », regoûté le lendemain en guise d'apéro, façon pique-nique, sur la route du retour à Paris.

Mais c'est le rosé qui m'a bluffée. Un rosé... rouge. Carbonique. Délicieux. Gérard Eyraud l'a carafé et a violemment secoué la carafe pour faire partir le CO2, mais les deux expériences furent toutes deux probantes : dans le verre pré-secouage, il se montrait piquant, impertinent, gourmand. Après secouage, plus poli, robuste, fleuri. J'ai aimé les deux, avec une petite préférence pour le non-secoué. Mais sa robe ! On aurait dit du gamay de Touraine. Un rosé inédit.

Il se faisait tard et notre compagne de voyage devait rentrer, ce qui nous a empêchés de pouvoir accepter l'invitation d'aller déguster les 2007 dans un autre chai...

Mais non sans bien stocker la voiture de caisses. Quand même.

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