jeudi 7 août 2008

Buveurs de bulles


Joe a un appareil photo à la main au moment où nous entamons notre deuxième bouteille de champagne. Je lui dis : « Ne me prends pas dans une pose à la Degas, comme une buveuse d'absinthe ! » et là, je fais une grimace de pocharde maussade. Clic. Eh ben, tant pis pour moi...

Joe est de passage à Paris, donc nous avons planifié un dîner ; avec un ami spécialiste ès vins, David, nous nous retrouvons tous les trois par une soirée caniculaire au Verre Volé, ce bar à vins génial dont le seul défaut est de pointer le ventilateur dans la direction du barman.

David et moi élaborons des stratégies dans la boutique vide, scrutant les étagères et leurs bouteilles en attendant l’arrivée de Joe. Soudain, nous nous sentons tous deux attirés comme des papillons de nuit vers une flamme particulièrement pétillante : les champagnes. Effectivement, il y a de quoi se pourlécher les babines. Larmander-Bernier, Ulysse Colin, Vouette & Sorbée... et... et oui, Selosse V.O.

Pour ceux qui ont lu mon post précédent, je ne peux nier le fait d’avoir consommé une bouteille de Substance dans le jardin du Palais-Royal la semaine dernière. Donc c’était un geste assez hédoniste que de foncer sur le V.O. Mais bon, la vie est courte, et puis je ne l’ai fait que pour faire plaisir à David, bien sûr...

Le patron va dans la cave chercher une bouteille de V.O. et il revient la poser sur le bar quand Joe fait son entrée en scène. David et moi nous retournons comme des enfants qui auraient volé des bonbons.

Mais Joe, malgré une aversion inexplicable au chardonnay tranquille, aime bien le champagne, donc il approuve notre choix et nous nous installons à table.

La soirée se déroule dans la joyeuseté ; nous bavardons, sifflons nos verres de champagne, nous empiffrons de terrine, d’andouillette, de boudin noir en tranche comme un cake revenu à la poêle – charcuteries élaborées par la main de maître de Joël Meurdesoif, probablement buveur et d’un talent certain.

Et on me convainc même de tâter d’un vin que je pensais ne pas aimer : un surprenant Gevrey-Chambertin 2006 de Philippe Pacalet. Vin léger mais dense, avec des petits fruits rouges et des tannins amers – je l’adore.

La soirée se prolonge et nous finissons nos plats et le gevrey ; il ne nous reste qu’une voie à poursuivre – et ce ne sera pas encore le boulevard Richard-Lenoir, que je prendrai tout à l’heure à vélo. Non : ce sera, retour à la Champagne.

Le Vouette & Sorbée Blanc d'Argile est un si beau vin. L’ayant goûté dans des conditions terribles au mois de décembre dernier – sous un auvent dans le froid glacial de l’hiver, inondée par une pluie dense, les chaussures et les pieds trempés, en tâtant les vins du gentil et talentueux Bertrand Gautherot...

Les conditions sont meilleures, ici : des amis, des rires, un bar à vins accueillant, un patron qui prend plaisir à partager nos bouteilles (un petit verre par-ci, par-là ne fait aucun mal), un endroit où nous pouvons sortir prendre l’air (avant d’être chassée par les moucherons et autres papillons de nuit).

Et ce vin est tout simplement gourmand. Donc le cliché serait plus juste si le verre et la bouteille étaient vides !

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