dimanche 24 février 2008

Le bon, la brute et le truand


Hier soir, nous sommes aller dîner dans un restaurant près de chez nous : L'Equitable. Tout ce que je peux dire, c'est que c'était... compliqué, comme expérience : un mélange total de choses positives et de bizarreries.

La soirée a commencé avec quelques coupes de champagne chez Guy et Anne, qui ont gracieusement versé du Pannier brut en tentant de calmer leur petit pirate de quatre ans, Arthur. C'était le rituel du champagne, en fait, qui l'a transformé en enfant de chœur : très délicatement, il a porté chaque flûte à son destinataire.

La babysitter est arrivée et elle aussi a eu droit à une flûte en attendant notre départ, avec la petite Chloé dans ses bras, fascinée par son collier. Nous sommes partis dans la nuit pour marcher vers l'Equitable, à quelque cinq minutes à pied de là.

Le décor était décidément atypique pour Paris. Avec de grandes pierres blanches, avec des poutres apparentes partout et des tableaux naïfs sur les murs, l'ambiance était provinciale au possible.

On nous a apporté des gougères et nous avons commandé une bouteille de Borgeot Puligny-Montrachet "Les Charmes" 2004. Le sommelier semblait déconcerté lorsque les autres m'ont indiquée comme celle qui allait le goûter. Déjà pour le côté vin, le restaurant s'était montré moins vaillant qu'il ne le faudrait - la carte des vins était un peu défraîchie. Parmi les cinq ou six vins de chaque région, deux ou trois étaient biffés...


Le Puligny était agréable - une bonne minéralité. Un beau nez, un boisé discret, le tout bien harmonieux et bien bâti.

Nos entrées ont apparus et là, c'était le point fort de mon repas : tête de veau avec une salade de roquette. Et c'était la première fois que j'avais mangé une tête de veau avec un morceau de cervelle frite par-dessus. Génial ! La cervelle était tendre, bien assaisonnée et extrêmement goûteuse sous sa panure croquante.


Après, les choses ont un peu viré dans le bizarre. Toutes les entrées avaient été réussies : goûteuses, inventives, bien présentées. Les plats, de même, lorsqu'ils arrivaient à table successivement, avaient belle allure, étaient très alléchants : le carré d'agneau de Guy avec des quenelles de polenta crémeuse ; le jarret de veau d'Arnaud avec un fier morceau de moelle parsemé de poivre concassé par-dessus. Nous avons commandé une bouteille de Saint-Joseph Prieuré d'Arras 2005 - pour ce qui était des vins rouges du Rhône, il n'y avait que cela ou un Crozes-Hermitage Colombo 2005. (On avait cherché en vain un bourgogne rouge... Tous étaient des 2004, choix risqué quand on ne connaît pas le producteur.)


Le Saint-Joseph était correct comme expression du cépage syrah, mais il n'était pas très charpenté, manquant peut-être un peu de personnalité.


Le magret de canard de Marc-André avec des blinis au céleri rave avait l'air bon.

Et ensuite... le serveur a apporté mon plat principal...

La carte avait indiqué une marmite de saumon, de dorade et de moules, que j'avais imaginés dans une sauce à la crème.

Horreurs !


Le bouillon était insipide et le poisson qui se cachait sous les loques de poireaux et d'épinards était trop cuit. Comme la photo le montre, la seule chose qui m'a sauvée était l'os à moelle d'Arnaud, car lui - chose ô combien incompréhensible ! - n'aime pas la moelle.

Nous avons fini le repas avec des tartes fines aux pommes, servie chaudes avec de la glace au caramel qui fondait rapidement dessus, et avions décidé de les accompagner d'un verre de Gaillac doux chacun (de nouveau, un moment désagréable avec le sommelier, qui a refusé de nous apporter une bouteille entière, puisque tout ce qui figurait sur la carte des vins doux était indiqué par verre seulement. « Mais on est cinq... » a dit Guy, en vain).

Nous avons été bien nourris, avons beaucoup rigolé, mais il ne faut pas nier qu'il y avait quelques éléments curieux dans le tas...

J'étais aussi dans une sorte de coma dû à une consommation excessive de moelle. Oui... Anne m'avait glissé son os à moelle, aussi.

C'est quand même bon, ça.

2 commentaires:

Unknown a dit…

C'est le sommelier qu'il faut changer avant tout dans ce restaurant !

Sharon a dit…

Sans blague ! Il est même passé à un moment et nous a regardé avec dégoût ; "Je suppose que vous voulez que je vous serve ?"

!!