lundi 9 juin 2008

¡ Qué viva Sancerre !


Samedi matin, nous sommes partis pour Sancerre dans une Smart rouge-tomate de location - qui avait, curieusement, des plaques espagnoles. Assez extravagant : et préoccupant pendant quelques instants quand la pensée est venue que si Roger Federer perdait la finale à Roland-Garros le lendemain, une émeute de Suisses excédés nous lapiderait à notre retour à Paris...

Mais à part un pompiste qui m'a adressé la parole en espagnol, tout était calme sur ce sujet-là. Et le voyage était superbe. Qui aurait imaginé qu'une Smart puisse bien caser neuf caisses de vin ? Et rouler à 150kmh ?

Après une halte à Briare pour admirer le pont-canal et casser une croûte arrosée de Coteaux du Giennois (du gamay franc et simple et servi froid, comme il se doit), nous avons pris la départementale pour descendre sur Chavignol.

Pascal Thomas nous y a accueillis et nous avons pu goûter ses 2007, qui étaient (surtout la cuvée Réserve Spéciale) très aromatiques pour ce que j'imaginais être un millésime assez faible. Nous avons parlé des aléas de la vigne et de la politique du vin ; nous avons goûté aussi une cuvée intéressante qui s'appelle « Bois Perdu » (en 2004), très atypique et presque inclassable (de vieilles vignes et élevé pour partie en fûts de chêne de 5-6 vins) : un vin qu'il sera amusant de servir à l'aveugle.

Après ce moment très convivial, nous avons chargé nos emplettes et avons repris la Smart pour grimper la colline en direction de Verdigny, où nous allions goûter les vins de Paul Prieur.

Or, il se fait que je connais les vins de M. Prieur depuis presque dix ans, mais malgré une bonne poignée de visites en sancerrois, je n'avais jamais réussi à mettre le pied à Verdigny.

On y est arrivé et on nous a accueillis avec beaucoup de générosité (et du fromage de chèvre artisanal !)

Nous avons pu déguster dans un premier temps une (petite) gamme de vins superbes. Les 2007, en rosé et blanc et le 2006 en rouge étaient tous, en fait, des modèles du genre. Le rosé avait de la chair mais aucune sucrosité inélégante ; il était très équilibré. Le blanc m'a bluffée ; harmonieux, suave, riche mais pas massif comme les Rafaël Nadal des cuvées surextraites ou de minuscule rendement qu'on rencontre parfois ces jours-ci. Non : du sancerre classique et d'une classe folle.

Le rouge en 2006 était pour moi, qui a un œil toujours sceptique sur le sancerre rouge (nota : ce qui m'a valu une belle dégustation à l'aveugle d'un 1993 chez les parents d'Arnaud, mais cela, j'ai dû le raconter déjà) - moi, donc, qui ai tendance à être sceptique sur les rouges de sancerre, j'ai trouvé ce vin de Paul Prieur excellent. Du pinot noir très différent d'un bourgogne, mais avec du sérieux, de la structure. On dirait qu'il vieillira bien : et puis, on a pu en faire la preuve.

M. Prieur est d'une grande gentillesse et nous avons visité la cave pour goûter le 2007 en rouge sur fût : encore trouble et un peu brouillon, il a déjà une droiture et de la matière. On aura plaisir à le boire dans un an.

Puis, de manière très acrobatique, notre hôte a saisi du haut d'une cage de stockage une bouteille de rouge, et ensuite, plus loin, un blanc.

Nous sommes remontés dans la salle de dégustation pour les ouvrir.

Sancerre blanc Paul Prieur 2004 - Hm ! Un vin délicieux et encore absolument harmonieux. Après certaines expériences récentes avec des sancerre blanc qui devenaient une pointe sucrailleux avec le temps, la dégustation de celle-ci m'a montré un vin limpide, avec de la minéralité et du corps mais nulle chair excessive. Excellent.

Et le rouge surprise... un 1996.

Sancerre rouge Paul Prieur 1996 - Ouaou ! Tout de go, le nez était expressif et bondissait du verre. En bouche, c'était un vin dense et complexe, d'une jeunesse étonnante et d'une matière sérieuse et construite. Il y avait de la terre, des cerises, des cailloux. On aurait dit un bourgogne de la Côte de Nuits...

Et comme la conversation continuait joyeusement, il s'est fait tard et il a commencé à pleuvoir. Heureusement qu'il y avait de la place dans notre petite Smart espagnole pour de nombreuses bouteilles - qui nous consoleront, peut-être, de la perte du match par notre idole Roger Federer... hélas...

2 commentaires:

Unknown a dit…

Sancerre c'est pas loin et c'est bon, mais ça use la Smart !? Et oui, la Smart s'use quand on s'en sert.
La prochaine fois faut aller voir Sébastien Riffault.

Sharon a dit…

J'ai pu goûter les vins de Sébastien Riffault sur la place de Paris et même le rencontrer à une dégustation chez Augé il y a deux semaines. Son style peut déconcerter, mais c'est un vigneron passionné.