jeudi 7 décembre 2006

À l'aveugle

Hier nous avons organisé une dégustation à l'aveugle, à dix, dans notre atelier du 19e arrondissement. Comme nous allions le faire quatre fois de suite, avec quatre bouteilles par séance, nous avions apporté 16 bouteilles en tout et pour tout. Anne, notre animatrice, a choisi les quatre dans le tas...

J'ai eu tout faux.

Bon, j'exagère... Mais je n'ai pas su dire avec une totale précision ce qu'il en était de chaque vin goûté. Surtout du premier, un blanc dont le côté boisé m'a déroutée, au nez. Je le voyais comme un blanc bourguignon. Eh bien, non, en bouche, c'était tout à fait autre chose... Des notes d'agrumes - citrons, pamplemousses - avec du tabac blond et une minéralité qui contredisaient vite mon avis d'origine. En fait, c'était un blanc bordelais, une bouteille du Clémentin du Pape Clément 1996 (soit le deuxième vin du château). Non sans intérêt, mais un peu maigre, et qui entamait son déclin.

Ensuite, c'était le tour au rouge. Le premier était rubis clair. En bouche, on rencontrait un rouge léger, jeune, frais, friand, mais avec une note de poivre et une chaleur bien cachée derrière sa fraîcheur. Inclassable... Visiblement du gamay, mais d'où ? De Savoie ? Du Beaujolais ? Non... il était presque comme un Saint-Pourçain en plus maigrelet, mais avec du caractère. Il s'est avéré être un Côtes d'Auvergne 2004 Vieilles Vignes du Domaine Rougeyron. Très intéressant. Ça donnait envie de manger des tripoux...

Le troisième vin était dans un style complètement différent, à dix mille lieues du précédent. Mais il nous a fait aussi un tour bizarre dans le décalage entre son nez et sa bouche. Le nez de fruits mûrs et de boisé laissait présager un bordeaux rouge. Mais dès que je l'avais mis en bouche, le monde a basculé. Hum ? C'est quoi ce truc ? Violettes poivrées, clou de girofle, cacao... Très ensoleillé, tirant franchement sur le mou... Costaud mais flasque... Eh oui, c'était le vin que j'avais trouvé au Lafayette Gourmet et que la RVF avait bien noté récemment : un vin mexicain, le Petite-Sirah 2003 de L.A. Cetto. Christian, un des autres dégustateurs, l'a trouvé formidable ; quant à moi...

Le quatrième et dernier vin était plus plaisant, pour moi. Mais il posait un petit problème. Rouge aussi, assez épais également, il avait une pointe de fraîcheur qui me faisait penser plutôt à la vallée du Rhône septentrionale. Un Saint-Joseph ? Mais non... ce côté kirsché, ces notes très épicés, de poivre, de clou de girofle, de grillé... Plutôt du grenache... Plutôt du Rhône méridional. C'était en fait un Vacqueyras 2002 (d'où la sinuousité : l'année était pluvieuse, il y avait moins de soleil, moins d'intensité) du Clos Montirius. Elégant, pourtant. Je l'ai bien apprécié.

Après, nous sommes rentrés en voiture avec les Leroyer en déplorant les méchants écolos qui nous embêtaient avec leurs vélos. Cet accès d'anti-écologisme était sûrement une réaction chimico-psychologique à trop de vins bios...

La nuit, j'ai dormi comme un loir...

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