jeudi 30 novembre 2006

Œnofolie

Heureusement que la grippe m'a attaqué à la gorge et non pas au nez, parce que j'ai fait des dégustations intéressantes ces derniers temps.

Après avoir été au Salon des vignerons indépendants jeudi dernier, nous nous demandions si nous allions y revenir samedi. Mais vendredi soir, Arnaud a reçu un coup de fil de Vianney ; son amie Anne-Juliette, qui est partie récemment passer un an et demi au Caire, était revenue pour le week-end et devait donner un cours de littérature comparée à la fac de Censier, à deux pas de chez nous. Arnaud les a invités à passer à la maison en fin de matinée.

Nous avons dormi tard, mais quand même, le bruit des tronçonneuses dans le square nous avait réveillés (la ville de Paris abattait un grand arbre, plein d'oiseaux - qui avaient l'habitude, cet été, de chier sur nous quand nous jouions au tennis de table).

Vers onze heures et demie, Vianney et Anne-Juliette sont arrivés. Nous nous sommes installés dans le salon et Arnaud leur a donné le choix... Café ? Jus d'orange ? Thé ? Eau ? Un canon ?

Chinon 1996 "Panzoult" - Henri et James Desbourdes. Les vins de Panzoult ont plus de corps et de robustesse que d'autres chinon ; celui-ci était rond et goûteux. Des notes de feuilles mortes sur les bords, mais un centre riche de fruits cuits et de torréfaction. Rustique dans le bon sens du mot.

Mais en restant à causer autour de la bouteille avec quelques chips que j'avais mis dans un bol, l'heure du déjeuner venait. Anne-Juliette avait cours peu après 13h. Soudain, j'ai lancé : "Vous restez déjeuner ?"

Et c'était parti ; j'avais des confits de canard et des salsifis surgelés, ça ferait l'affaire. Puis, nous avions par le plus pur des hasards un plateau de fromage très respectable. Donc je suis allée à la cuisine mettre les confits à cuire, et séparément, les salsifis dans un peu de beurre, et ai couru jusqu'à la boulangerie pour attraper du pain.

Vingt minutes plus tard, nous nous mettions à table. Arnaud est venu à la cuisine pour chercher le sel et le poivre, et il m'a dit : "Ouvrons un bon vin."

J'ai hoché la tête. Quelles paroles douces ! Je savais exactement comment m'exécuter.

Nous nous sommes installés à table et nous sommes servis de confit de canard et de salsifis. Arnaud a versé le vin, très sombre, dans nos verres.

Haut-Marbuzet 1996. Une clairière automnale au fond d'un bois. Ce vin est mûr et on sent le grain de ses tannins dissous, mais il a encore plein de matière et de corps. Fruits très mûrs, chocolat, un peu de pot-pourri, des notes de torréfaction. Je l'ai trouvé exquis... et fugace, comme une feuille morte qui s'envole, que tu regardes s'en aller à contrecœur.

Nous nous attardions sur le fromage quand Anne-Juliette a dû partir. Mais une heure plus tard, Vianney est allé la chercher et ils sont revenus pour boire un café. Tout était calme, il faisait bon dans la maison, mais nous avions un projet autrement ambitieux : Le Grand Tasting au Louvre.

Donc une demi-heure plus tard, je mettais mon béret noir et mon écharpe bleu clair et nous partions vers le métro, question de goûter encore plus de vins dignes d'intérêt. Je toussai ; j'avais très mal à la gorge. Mais les sinus en parfaite santé...

0 commentaires: