jeudi 14 juin 2007

Merveilles

Parfois, il nous est donné l'occasion mystique, mystérieuse, d'entrer dans un monde nouveau. Ainsi, mardi soir, j'ai franchi un seuil - voire un miroir - et me suis trouvée dans un monde inconnu, où les repères habituels étaient absents.

De quoi s'agit-il, au juste ? Plus prosaïquement exprimé, j'ai assisté à une soirée de l'Académie des vins anciens, groupe d'enthousiastes rassemblé par le grand collectionneur François Audouze, dont l'intelligence n'est égalée que par une gaillardise irrépressible.

Dans les salons du Cercle Suédois qui surplombaient le jardin des Tuileries depuis leurs fenêtres de la rue de Rivoli, nous nous sommes mis à table (à six tables, car nous étions 39) afin de dîner et de déguster une quinzaine de vins vieux. Et ici, je ne parle pas des années 80. Je parle des années 20, 30, 40...

Pour moi, c'était donc l'occasion d'une découverte inédite, insolite, de saveurs dont je ne soupçonnais pas l'existence.

Depuis un champagne Philipponnat 1980 terriblement séduisant et d'une richesse extrême, dont les bulles n'était plus des bulles mais une sorte de suggestion de pétillance qui se remuait sur la langue, jusqu'à un bordeaux 1929, le Petit Gravet, qui était tout de fruits frais et d'une jeunesse confondante, en passant par un Corton Clos du Roi Prince de Mérode Joseph Drouhin 1949, d'une précision, d'une nuance dans une expression de son terroir sans pareil, pour clore avec un sublime sauternes du Château Doisy Daëne 1934, dont la robe marron cachait une suavité et une complexité de goûts inimaginable.

J'ai pris pied, après, vers minuit, mais j'avais l'impression plutôt de marcher sur les nuages...

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