lundi 18 septembre 2006

Bordeaux et grillades

Ce week-end je suis allée dans un endroit non viticole, à savoir la Normandie. La famille de Vianney avait planifié un immense barbecue dans leur parc : on était plus de cinquante, si on compte les enfants et le chien, Lo Ko. Il faisait beau, à la normande, c’est-à-dire qu’il ne pleuvait pas et que le vent avait laissé la place à une sorte de calme tiède. Le feu flambait dans un coin du parc et nous l’entourions avec des piques et des coupes de punch à la main.

En débarquant, j’avais extrait de mon sac à dos les deux bouteilles qu’Arnaud et moi avions apportées : un Argilo rouge 2002 de Michel Quenioux et un Chinon 2003 Les Grézeaux de Bernard Baudry. Il s’est fait que beaucoup plus tard, à l’une des tables à six ou huit, pendant que nous coupions nos morceaux de lard frais délicieusement cramé, c’est nous qui avons rapporté ces deux vins, un par un avec le passage du temps, de depuis la cabane où se trouvait les salades, quiches, et pêle-mêle les médoc et cahors et autres bergerac apportés par les convives.

Le constat avait été vite fait, lorsque j’y suis entrée pour choper une part de quiche aux courgettes et un peu de salade de pâtes : toutes les bouteilles étaient de forme bordelaise, depuis un magnum de pessac-léognan 1997 jusqu’à un assemblage cabernet sauvignon-merlot 2001 du pays d’Oc, suave et imitatif d’un vin du bordelais, malgré sa teneur en alcool de 14,5˚.

J’ai ruminé, pendant qu’Arnaud causait anticléricalisme avec deux femmes de deux fois son âge et que le père d’Anne-Juliette traitait notre Argilo de « léger » avec une appréciation non dépourvue de curiosité, que même en France (quoiqu’on dise des palais corrompus par M. Parker outre-Atlantique), il y a une nette préférence pour des vins robustes et construits.

Le lendemain, en petit comité maintenant, nous avons tâté d’un vinho verde apporté par Philippe, alors que nous attisions de nouveau le feu et attendions la suite des grillades. Le vin, un peu minéral, avec des notes à la fois de fruits nouveaux et de branches vertes, plaisait et réveillait le palais de nouveau.

Pourtant, a la fin du week-end - après un déjeuner dominical à sept, sous un soleil brûlant et devant une nouvelle fournée de grillades, arrosée d’un cidre de ferme à tomber à la renverse - j’en avais eu assez de ces vins rouges capiteux qui s’étaient quand même immiscés avec les fromages. De retour à Paris, j’ai jeté un œil froid sur la demi-bouteille non achevée qu’on avait laissé dans la cuisine, à la maison : un médoc interlope, vision rare dans nos agapes domestiques...

Demain, nous refaisons nos bagages et partons pour deux jours à Avignon. Le soleil sera, paraît-il, au rendez-vous. Les vins de soleil aussi. Je me montrerai souple...

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