lundi 12 mars 2007

Ruée vers La Coulée

Ce week-end nous avons ouvert notre unique bouteille de Coulée de Serrant, du millésime 2003. Nous l’avions récemment acheté et j’étais plus que curieuse de la goûter. Inspirés par l'étude fascinante menée pendant 6 jours par Jamie Goode (sur son blog wineanorak.com) qui suivait l'évolution d’une bouteille de Coulée de Serrant 2002 une fois ouverte, nous avons décidé de goûter une petite quantité le premier jour, et ainsi de suite...

Nous l'avons donc tâtée à l'ouverture, juste après l’avoir remontée de la cave, avant de la rafraîchir un peu. C'était riche et prometteur au nez, assez floral et exotique et plutôt intense ; mais en bouche, le plaisir était gâché par une note très amère qui est venue tout balayer en finale. Quelle liqueur complexe ! Chaque petite gorgée était presque contradictoire, avec des notes d'ananas, de pamplemousse, de miel, de noisettes, de menthol et ensuite cette amertume très prononcée – tout se suivait, se confondait, se démêlait, puis s’évanouissait dans l’amertume.

Nous avons remis la bouteille au frais et sommes sortis nous promener du côté de Saint-Germain-des-Prés. Le printemps est en pleine éclosion à Paris et les arbres à fleurs remplissaient les parcs d’une odeur délicieuse.

Plus tard, vers 19h (soit, 5 heures environ après l'ouverture de la bouteille), nous sommes revenus à la maison et l'avons goûtée de nouveau. Stupéfaction ! L'amertume avait fondu et était partie.

Maintenant, des notes de chèvrefeuille et de cire d'abeille dominaient. L'alcool piquait toujours un peu la langue (n’oublions pas que le vin titre à quelque 14,5 %), mais cette dégustation de la Coulée de Serrant avait subitement été transformée : d'une expérience tout court, elle était devenue une expérience agréable. Le breuvage s’était laissé apprivoiser et maintenant, c’était même comme un vin qu’on pourrait servir avec de la nourriture.

Demain, on verrait comment cela avait évolué. Il paraît que Nicolas Joly, le vigneron, un adepte – ou plutôt un prêtre - de la biodynamie, conseille de goûter son vin 24 heures après ouverture. En tout cas, j'étais impressionnée de voir comment le vin évoluait.

Stocké dans le réfrigérateur, donc, le vin a sagement attendu le lendemain. (Dieu sait que l’idée du frigo pourrait donner une crise d’apoplexie à M. Joly, mais cela avait semblé la manière la plus logique de procéder...)

Dimanche, donc, nous l’avons ressorti à l'heure du déjeuner. Nous étions près des 24 heures supposément "optimales" pour le vin. Mais, curieusement, j'ai constaté qu'il était quelque peu assourdi, moins complexe qu'hier soir et avec des notes oxydatives qui devenaient assez présentes.

Ainsi, parmi les trois dégustations (à l’ouverture ; 5 heures plus tard ; 24 heures plus tard), j’ai trouvé qu’il se montrait sous son meilleur jour à 5 heures. Mais l’expérience est loin d’être finie...

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